samedi 18 avril 2015

J'ai lu : Rédemption par Bérengère Rousseau

La superbe couverture d'Aurélien Police

TITRE : Rédemption
AUTEUR : Bérengère Rousseau
ÉDITEUR : Éditions du Riez
Disponible en papier où en numérique, mais sans doute à commander, EdR étant un petit éditeur, leurs romans sont rarement en tête de gondole des libraires.

L'auteur : Bérengère Rousseau.

Quatrième de couverture :
Quand un vieux médaillon et quelques documents anciens révèlent à Noâm les soupçons de collaboration qui pèsent sur son arrière grand-père, son monde bascule. Comment accepter de vivre avec cette honte ? Il veut comprendre. Avec son meilleur ami, il se rend au château de Noisy, là où son aïeul fut aperçu pour la dernière fois.

Sur place, ils sont victimes d'un éboulement. Ils se réveillent en 1944 à la veille de la bataille des Ardennes. Noâm voit là l'occasion de restaurer l'honneur de sa famille, au risque de changer le cours de l'histoire. Et si, justement, celle-ci avait déjà changé ?


Il n'est pas évident de donner son avis sur un roman sans en spoiler des pans entiers, je vais quand même essayer de le faire. Parce que Rédemption est un très bon roman et que je voudrais vous donner envie de le lire :)

Bérengère Rousseau publie ici son premier roman, qui n'est toutefois pas le premier qu'elle ait achevé. Celui-ci lui tient à cœur car, dans sa famille, on a connu la seconde guerre mondiale. On sent d'ailleurs que l'auteur s'est beaucoup impliqué dans l'écriture, il y a beaucoup de tensions et d'émotions au travers de ses lignes. Toutefois, tout est dosé avec subtilité, on ne tombe jamais dans l'excès de dureté ou de tendresse. C'est un des gros points forts de ce roman, car il aurait été facile de tomber dans l'étalage d'horreurs, surtout que la bataille des Ardennes de 1944 fut particulièrement dure.

Le début montre des personnages du quotidien face à une découverte de leur passé. Sans rien révéler, je dirais juste qu'il m'a manqué un peu de tension émotionnelle du côté du père, En revanche, Noâm est touché en plein cœur par sa découverte et n'entend pas se contenter des maigres éléments qu'il a en sa possession. On le sent curieux et motivé, mais aussi hésitant. Il a besoin de son ami Lucas, qui n'est pas personnellement impliqué par cette découverte et dont le sang-froid et le bon sens vont s'avérer indispensables. 

Le duo de personnages fonctionne à merveille, les dialogues sont bien construits et crédibles, on ressent le fort lien qui les unit. Dès que les événements se précipitent, c'est pourtant Lucas qui prend le dessus sur Noâm. Si cela permet de faire plus ample connaissance avec ce personnage intéressant, les raisons qu'emploie l'auteur ne m'ont pas entièrement convaincu. Rien de bien grave toutefois, car nous entrons au cœur de l'histoire, et même de l'Histoire. La tension est présente, palpable, les deux jeunes hommes marchent sur des œufs dans un contexte de 1944 qu'ils ne maîtrisent qu'en théorie... Et encore ! 

L'auteur joue de finesse et de subtilité pour nous permettre de vivre quelque chose que l'on connaît sur le papier, avec des ingrédients inédits. L'histoire prend un tour surprenant tout en répondant à ce qu'on en attend. On trouvera même dans les lignes de Bérengère des figures historiques du nazisme et de la collaboration Belge. Car oui, tout ce roman se déroule en Belgique et nous permet, en plus, de mieux découvrir cette douloureuse page de l'histoire de nos voisins.

Les événements s'enchaînent, obligeant les personnages à faire preuve de ruse, de finesse et de malice pour rester en vie. Les plans s'échafaudent tant bien que mal, les blessures viennent amoindrir les personnages et Noâm doit faire de son mieux face à des nazis redoutables. Le contexte de l'époque est bien rendu, cet univers sombre et désespéré de l'hiver 1944 nous prend aux tripes. L'auteur montre ici toute son habileté en nous dépeignant ce passé atroce sans nous donner la nausée. Le roman est accessible au plus grand nombre, vous ne risquez pas ici d'y trouver de scène de torture, de génocide ou de charnier. On ne garde que cette ambiance sombre, bien mise en lumière, ainsi que la suspicion omniprésente des uns envers les autres, car il est toujours question ici de collabos et de résistants.

La fin de l'histoire accélère un rythme déjà bien géré. Comment faire pour rentrer en 2014 ? L'auteur trouve une réponse crédible et nous ménage une surprise dans la lignée de l'histoire qu'elle nous a raconté jusqu'ici. C'est bien trouvé et bien exécuté. Je pense que, comme moi, vous aimerez cette fin toute en subtilité et émotion contenue. 

Pour un premier roman publié, Bérengère Rousseau réussit un pari compliqué. Pas évident de jongler avec les événements de l'Histoire sans plonger dans le pathos ou l'atroce. Pas évident de manier le thème du voyage dans le temps, déjà si souvent employé. Pas évident de raconter une histoire où les sentiments sont forts sans tomber dans les excès. C'est grâce à une écriture maîtrisée, une histoire solide et bien pensée et une ambiance très bien dépeinte qu'elle y parvient. Je lui tire donc mon chapeau et je guetterai avec intérêt ses prochains romans. 

En attendant, je vous conseille vivement celui-ci !

2 commentaires:

  1. Petite faute de frappe dans la fin du 5e § ;)
    "et le bon sens cont s'avérer indispensables."

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